vendredi 23 mai 2008

L'esprit du poker pro

Au poker, la technique ne représente que 20 % de l'edge. La dicipline de l'esprit fait 50% et la chance seulement 30%. (Donc pour chaque session, on est responsable à 70% du résultat de la session). Le poker pro a soummis son esprit à une ascèse et une discipline qui lui permet d'avoir l'avantage sur les autres joueurs.

La discipline de l'esprit, qui représente 50% de l'edge est composée de :

  1. 10% de logique mathématique

  2. 40% de psychologie (gestion des émotions, lecture de l'adversaire, emprise psychologique)
    (Antony Lellouche)


L'équilibre

Il existe un réseau dense de connexions entre nos addictions et notre façon de jouer. Nos performances au poker sont affectées par tout et n'importe quoi, de nos habitudes alimentaires et de notre santé physique à nos penchants philosophiques et à nos relations familiales (John Vorhaus). Donc le poker sérieux nécessite une saine alimentation, une pratique régulière de l'exercice physique, des pensées philosophiques adaptées et des relations sereines avec la famille et les proches.


La discipline et la confiance

L'expecation value (EV, valeur espérée) d'un coup est la somme d'argent que ce coup remporte (ou perd si cette valeur est négative) en fonction des probabilités de gain du coup au temps t où il est joué contre le range réel des adversaires du coup.

La loi des grands nombres prouve que la somme des EV des coups joués coincide sur le long terme

avec la somme d'argent réellement gagnée. (Les Sklansky bunks doivent coïncider à terme avec l'agent gagné. (Manuel Bevand))

Donc, pour que le long terme soit maximalement positif, il faut que l'EV de chaque main soit maximale, donc « le long terme, c'est maintenant. C'est toujours maintenant. » Si toutes les mains jouées ont une EV positive, alors il est prouvé que le long terme le soit. La reciproque n'est pas vraie. Mais si une seule main est -EV, alors le long terme peut être negatif. C'est pour ça que la force psychologique d'un poker pro consiste à évaluer, pour tous les coups, s'ils sont +EV car le poker pro doit, à tout instant de son jeu, être conscient que son jeu le conduit naturellement au long terme positif. Donc, l'esprit du poker pro se transforme, quand il joue, en une machine biologique qui applique le calcul de l'EV de chaque main. Le caractère machinal, algorithmique, metronomique de l'esprit discipliné du poker pro est la conséquence (et est toujours soutenu et entretenu par) de la confiance qu'il a dans son jeu. Or la confiance vient naturellement avec la conscience du fait que chaque coup joué a été évalué +EV, car l'évaluation est l'accès le plus direct et sûr à la réelle EV du coup quand l'esprit est bien préparé. Donc aussi constemment augmenter sa connaissance technique par la lecture et l'entrainement. On retrouve une dualité universel/existenciel.

May your EV alwayse be positive ! (Tony Guerrera)


Le déni des émotions par la visée du but

Le but : faire de l'argent sans s'amuser, car les deux sont contradictoires. Etre sévère et se réprimander dès que l'esprit tend à se divertir. Dénier les émotions (frissons et déceptions) liées aux swing des hauts et bas. Se transformer en automate du poker pour qu'une nature de calme et sérénnité remplace le déni. (Chipreese est un métronome. (Cohen) Tall ne tilte jamais (Arnaud Mattern)) Cette nature acquise avec le temps par la volonté se rapproche du grand style nietszchéen.

On a souligné plus haut que nos performances au poker sont affectées en particulier par nos penchants philosophique. On va emprunter quelques pensées à Nietszche pour illustrer ou justifier quelques règles auxquelles l'esprit du poker pro doit se soummettre.


Ni complaisance ni peur

Elle ne connait ni complaisance (à l'origine de coups d'une courte beauté, comme value-better trop grand à la river...) ni peur (à l'origine de coups mesquins comme bloquer trop petit en tirage hors position ou ne pas suivre quand les cotes implicites indiquent de suivre par peur ne pas toucher...) mais vise le calcul optimal de l'EV car elle a le sens de ce qui dure. « Le grand style consiste dans le mépris de la mesquine et courte beauté, en vertu d'un sens pour ce qui est durable avec peu de moyens. » (Nietszche)

La devise du courage (John Vorhaus) : « Avec la peur, rien n'est possible. Sans la peur, tout est possible. »


Le calme et l'aversion pour le frisson

Cette nature calme et puissante a developpé une aversion pour le frisson et l'émotion excessive. « Le grand style est une maîtrise exercée sur l'abondance du vivant, où la mesure règne, fondée sur le calme de la grande âme laquelle est lente à s'émouvoir et garde une aversion pour l'excessivement vivant. » (Nietszche)


La sérénnité

Le calme et la naturalité de ces actions, c'est-à-dire sa sérennité, procède de l'absence totale de peur. « Il existe deux façons très-différentes de sérénité. Le penseur véritable rassérène et réconforte toujours quoiqu'il exprime, sa gravité ou sa plaisanterie, son entendement humain ou son indulgence divine; il le fait sans gestes moroses, sans mains tremblantes ni yeux mouillés, mais avec assurance et simplicité, avec force et courage, peut-être d'une façon chevaleresque et dure, en tout cas comme quelqu'un qui est victorieux. » (Nietszche)


L'intuition

Le calcul exacte de l'EV procède enfin de l'intuition juste, i.e. du goût, c'est-à-dire, l'application par un geste naturel de la technique. « C'est à nous autres penseurs qu'appartient le droit de fixer le bon goût en toutes choses. Le Goût, c'est à la fois, le poids, la balance et le peseur. » Zarathoustra La pensée est étymologiquement la « juste pesée ». (Nietszche)

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